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Interlude indienne


Aéroport de New Delhi, 6h30, 30°C


« Vite ! Si on prend trop de temps, je paierai plus le parking ! ». Sous l’œil agacé du chauffeur, nous arrivons finalement à mettre nos cartons dans le coffre du taco de travaille. « Je risque d’avoir des problèmes si nous croisons la police » dit-il, à l’ombre d’un bus transportant cinquante personnes sur son toit. Il n’est même pas 7 heure du matin que nous transpirons déjà à pleine goute. Alors que nous venons juste de partir, notre éloignement avec le centre de la ville nous permet d’apercevoir un joli petit nuage gris foncé au dessus de l’agglomération. Le Traffic est encore faible. Mais le manque de propreté de la ville se fait déjà sentir. Les bords des routes sont décorés de déchets plastiques et cartons en tout genres, des nuages d’odeurs non identifiées traversent les narines. Beaucoup de gens dorment à même le sol.


Ici, Les trente-cinq heures ne sont pas d’actualités. Tout en s’affalant sur le volant pour rattraper les coups de zigzags dus à la fatigue, le chauffeur nous indique qu’il travaille la nuit du 7 heure du soir à 7 heure du matin. Après quelques heures de sommeil, le roof top de l’hôtel nous permet de d’apercevoir la ville. Le centre de New Delhi est extrêmement dense. Les bâtiments sont généralement séparés que par de petites ruelles piétonnes. Quand ce n’est pas le cas, l’euphorie de la circulation assomme. Il est pourtant nécessaire de bien rester concentrer. Le code de la route local suggère de rouler à gauche mais voitures, camions, scooters, vélos, touctoucs, piétons et animaux se mélangent dans une symphonie continue de klaxons. Il est d’ailleurs très difficile de déterminer s’ils servent à indiquer un danger, à se signaler auprès des autres automobilistes, ou de réseau social. Contre toute attente, le moyen de transport le plus fiable, le plus économique et le plus confortable est le métro. Pour moins de cinquante centimes d’euros, l’agglomération met à disposition un réseau assez dense parcourant l’ensemble des lieux que nous souhaitons visiter.

Contrairement à l’Iran, la géopolitique est de notre côté. Le passé coloniale du pays nous permet de facilement communiquer en anglais avec les locaux. Ainsi, nous dévalons les petits restaurants de rue. La cuisine indienne est extrêmement riche. Tout comme dans notre précédente destination, le riz est un point central de leur alimentation. Mais il est accompagné de légumineuses telles que des lentilles, pois chiches ou d’haricots. Les ingrédients de base sont donc basiques. La vraie cuisine indienne est dans la préparation. L’utilisation massive d’épices génère un feu d’artifice de saveurs à chaque repas. Le pain, grillé à la torche, permet de profiter jusqu’à la dernière goutte des purées de fromage aux épices (paneer butter massala).


Interlude indienne


Pour les deux premières semaines du mois, nous avions prévu des vacances.


Thomas et Loïs, chacun de leur côté, parcours le Rajasthan. Littéralement, Rajasthan signifie « terre des rois ». Situé au sud ouest de Dehli, cet état impressionne par son rayonnement passé et sa richesse historique. Le Rajasthan a été conquis par les mogholes, notamment par l'empereur Akbar, à partir de 1556. La période prospère des Maharajas commence. L’inde, alors morcelée, est unifiée par ce dernier. Grand stratège, mais aussi personnage très pragmatique, à l’écoute de son peuple. L’inde connait un essor sous son règne, synonyme de tolérance religieuse notamment grâce à ses 3 femmes, toutes de confession différentes (chrétienne, musulmane et hindoue).

De nombreux forts de grès rouge protègent les différentes villes et points stratégiques du Rajasthan : Fort d’Amber, Jodhpur, Udaipur, Bikaner, etc…


Au fort d’Amber, situé dans les montagnes, on peut apprécier la magnifique vue que l’on a depuis les remparts sur toute la vallée. Le fort est un des points d’entrée de l’ancien Rajasthan, jadis entouré d’un mur long de 36km, la plus grande muraille après celle de Chine.


Le fort de Merhangarh à Jodhpur surplombe la cité bleue, couleur caractéristique de la caste brahmane, et permettant aussi de rafraichir les habitations et d’éloigner les moustiques. Ce magnifique fort de grès rouge n’a jamais succombé à l’ennemi, et ce même après un long siège de 6 mois dans cette région désertique. Au milieu de la ville, un gigantesque puits de grès permettait à l’époque d’alimenter la ville en eau. Aujourd’hui, le puits est toujours rempli d’eau, mais il permet surtout de trouver un coin de fraîcheur, après avoir marché dans le dédale de rues sous 43°C.

Udaipur est construite autour et sur un lac. Le Lake palace, aujourd’hui hôtel luxueux, est juché sur l’eau. Cela nous rappelle notre escapade Vénitienne. Dans cette ville, se trouve le temple de Jagdish, dédié à la divinité Vishnu. Pieds nus, au son des louanges des pèlerins, de leurs tambours et de leurs clochettes, nous admirons le travail du détail des ornements du temple qui rappelle l’architecture inca.


A Pushkar, ville sacrée, la consommation de viande et d’alcool y est strictement prohibée. Cette ville paisible contraste franchement avec notre arrivé à Dehli. Son lac sacré, bordée de marches est un lieu de pèlerinage. Nous y déambulons pieds-nus, au milieu des vaches et des prieurs. Le soir, le lac s’anime, est des moines, à la lueur des torches chantent des louanges au son des percussions de bronze.




A Deshnoke, près de Bikaner se trouve le temple des rats (temple Karni Mata). Lieu unique, ou nous marchons au milieu des rongeurs, pieds-nus évidemment. Un peu dégoutant, il est surtout effrayant à l’idée de marcher sur un de ces animaux, habitués à la présence d’humains, et pas appeurés du tout. Soit dit en passant, attention ou vous mettez la tête, car quelques structures sont aussi le logis de ces animaux. Ça grouille du sol au plafond !


Aux portes du désert à Jaisalmer, nous sommes allés expérimenter l’expérience touareg à dos de dromadaires. A 50km de la frontière pakistanaise, le désert est là : chaud, silencieux et sec. Après avoir fait une balade sur le dos de ces bêtes paisibles, nous nous endormons au milieu du désert, avec le ciel pour toit.


A Agra, il y a bien entendu le Taj Mahal, gigantesque mausolée édifié par le shah Jahan, pour sa défunte épouse. L’édifice, construit avec le marbre le plus blanc impressionne par sa grandeur et la douceur de ses formes.



De son côté, Cédric expérimente un stage de méditation. Une retraite « Vipassana » de dix jours. Ce cours se passe dans un monastère dédié à la pratique de la méditation. Alors que chambres individuelles et repas sont donnés à chacun, le lieu ne vit que sur les dons des pratiquants. Hommes et femmes y sont séparés. Aucune forme de communication (même pas un échange de regard) avec d’autres membres du stage n’est autorisée. Aucune autre activité, ni même la lecture, n’est autorisée (l’idée globale est de laisser pouvoir faire rien d’autre que penser). Le réveil est à quatre heure du matin. La première est séance est à 4h30. Douze heures de méditation sont ainsi prévues dans la journée. Douze heures pendant lesquelles il faut se concentrer sur les sensations physiques qui traversent le corps. L’activité semble rudimentaire mais s’avère très bénéfique.


Les vieilles blessures et les mauvaises habitudes remontent à la surface sous forme de sensations désagréables. Le visage s’ébouillante, la colonne vertébrale semble cassée en mille morceaux. Les muscles des bras sont extrêmement tendus. Il ne faut alors en aucun cas réagir. « Attention » est le maitre mot de cette technique. Il est nécessaire de garder un esprit vide de tout rejet ou de manque. Il ne faut pas chercher à ressentir ou rejeter une sensation particulière. Juste observer. La prise de conscience ne se fait alors pas attendre. L’esprit est alors capable de voir tout élément de notre existence. La moindre colère et son origine est ressentie très longtemps avant qu’elle ne s’exprime et qu’elle n’aveugle. L’origine de la moindre pulsion et de sensation de manque devient parfaitement claire


Il est alors beaucoup plus facile de répondre rationnellement et paisiblement aux évènements de notre vie plutôt que d’y réagir.


Reprise des hostilités


Le groupe se retrouve de nouveau à New Delhi. Chacun se prépare alors à remonter sur les vélos pour voyager jusqu’au Myanmar. Mais le sort en décide autrement. Voilà qu’un autre nouvel an (le troisième cette année) vient perturber nos plans. L’embassade du Myanmar est donc fermée pour les dix jours suivants. De plus, du fait de corruption en tous genres, nous apprenons que la frontière avec l’Inde est très difficile à traverser. Ce pays est pourtant notre seul moyen de continuer notre voyage. Le sud est bloqué par l’océan indien. Le nord est bloqué par l’Himalaya. Il nous faut alors trouver un autre moyen de rejoindre Bangkok. Un bateau de Calcutta vers le Myanmar ? Si cette solution ne fonctionne pas, nous devrons rebrousser chemin.


Mieux que la défense, la contre attaque


La décision est donc prise. Nous décidons de prendre un avion pour le Vietnam. L’idée est de joindre Bangkok au départ d’Hanoï, en passant par le long de la côte. Trois pays sont donc à découvrir. Le Vietnam, le Cambodge et la Thaïlande. 3500 kilomètres au programme !


En plus de résoudre notre problème de frontière, cette solution nous permet de résoudre le problème des visas. L’ambassade du Vietnam à New Delhi est plus efficace qu’un robot de trading haute fréquence, le Cambodge ne demande qu’un visa récupérable sur internet. La Thaïlande accorde 90 jours de visite aux citoyens français.


Nous passons les quelques jours restants à New Delhi dans une auberge de jeunesse. L’ambiance y est chaleureuse. Les voyageurs y viennent des quatre coins du monde. L’auberge est tenue par une équipe très motivée. Toute sorte d’activités sont organisées. Le roof top accueil des soirées en tout genre (jeux, cinéma, musique). Ceux qui savent cuisiner transmettre leur savoir dans la cuisine. Ainsi l’équipe découvre la recette du « çay » indien. Le thé noir est accompagné de lait (2/3 thé, 1/3 lait). Du gingembre, des clous de girofle et de la cannelle (non moulue) sont ajoutés.


Un jour sur deux, une visite de la ville permet de découvrir plus en profondeur New Delhi. Nous découvrons ainsi les coulisses du marché des épices ainsi que divers lieux religieux.


Les deux guides :


Le soleil se lève à l’est


Le 24 avril, notre avion décolle pour Hanoï. A bord de son A380 dernier cri, l’équipe se rend vers sont point le plus éloigné de la France. Pour cette dernière partie du voyage, l’orientation générale est inversée (nous voyageons désormais d’est en ouest), mais pas l’esprit. Cette décision de dernière minute nous permet de découvrir une plus grande partie de l’Asie du sud est. La distance avec la maison s’y fait beaucoup plus sentir que dans les précédents pays. Tout y est différent. Les plans sont changés mais le dépaysement est maximisé.


La suite très bientôt !



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