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Confidences d’Abicyclestistes : Vivre en camping itinérant


Un second toit n'est pas de trop pour se protéger des températures négatives, du vent et de la neige

Si ce projet de voyage à vélo nous fait découvrir le monde plus en profondeur, il est également l’occasion d’apprendre à vivre autrement.


Du fait que nous nous déplaçons tous les jours, il nous est impossible de savoir à l’avance la qualité des lieux disponibles pour installer nos tentes. Pourtant, afin de bien récupérer des efforts réalisés dans la journée, il est très important que nous trouvions un lieu dans lequel nous nous sentons à l’aise. Du fait que nous voyageons en hiver, cette incertitude est amplifiée par le risque météorologique. Le vent, la pluie et la neige sont les éléments que nous devons à tout prix éviter. L’humidité réduit fortement la performance de nos équipements. Les doudounes et les duvets sont poisseux et ne tiennent plus chaud. En plus de devenir invivables, les tentes mouillées sont très désagréables à manipuler et s’usent prématurément. Enfin, si une petite brise peut sembler à première vue source d’air frais, elle peut rapidement emporter la chaleur accumulée. Cette situation nous pousse à vivre le plus possible dans les habitations en construction ou abandonnées.


Mais les quatre murs qui nous protègent des perturbations extérieures ne poussent pas tout seul. De nouvelles questions se posent alors. Le lieu est-il définitivement abandonné ? Le chantier de la maison est-il suspendu ?


L’idée de se retrouver nez à nez avec des locaux semble loin d’être improbable. Il est rare que les habitations que nous trouvons soient totalement isolées. Il nous faut faire attention à ne pas attirer l’attention des potentiels voisins. Les premiers à nous repérer sont généralement les chiens. Heureusement pour nous, ces derniers se décrédibilisent par eux même. Un premier qui aboie titille l’oreille des autres qui finissent par aboyer plus fort. Tout le quartier est réveillé, mais il est alors impossible de savoir qui a commencé en premier.


Aussitôt le lieu approprié qu’il faut déjà l’abandonner. Les tentes, montées la veille, sont déjà à remettre dans les sacs. Les matelas, tout juste gonflés, doivent être repliés. Les réchauds tout juste installés sont déjà à vidanger. Les petits aménagements réalisés, tels que le nettoyage du lieu ou l’aplatissement du sol sont à abandonner. Il ne faut pas moins d’une heure le matin et une heure le soir pour faire et défaire le camp.


Abandonnée ou non ?

Ainsi, les affaires changent de place. Les occupations sont éphémères. Si le lieu d’un jour nous propose un beau paysage, un bon coin pour manger ou un terrain favorable pour la tente, l’habitude ne peut être emportée avec nous. Notre espace de vie est donc à géométrie variable. Il passe du petit mètre carré de la tente à l’hectare d’un champ d’oliviers. Le paysage entier devient notre terrain de jeu. Des grandes plaines aux lisières de bois, la terre nous propose une multitude de possibilités, dans lesquels nous y choisissons notre cocon du jour. Nous nous y ressentons ainsi mélangés avec l’environnement. Notre créativité est stimulée par l’idée de faire notre camp avec les éléments disponibles autour de nous. Cette particularité est d’autant plus appréciable qu’elle nous offre du renouveau en continu.


Si la vie à l’occidentale au XXIème siècle est épurée de toute anxiété à propos du lieu de vie, elle est stressante de par le nuage de tâches et d’occupations qui encombrent l’esprit. Pour nous, le modèle est inversé. La méconnaissance du lieu où nous allons dormir le soir même et les difficultés de la vie du camping en hiver occupent nos journées. Mais ces adversaires oubliés de nos vies modernes sont, certes, puissants mais facile à cerner. Nos esprits sont ainsi focalisés mais paradoxalement, apaisés.





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