Jours 54-61 : Dernier arrêt pour l’Europe
Thessalonique est la dernière métropole d’Europe que le groupe traverse. C’est aussi le point où Cédric rejoint le projet. Armé de ses gros sacs de voyage nécessaires au transport dans l’avion, il se rode au voyage en vélo en empruntant les trois voies liant l’aéroport au centre ville. Les retrouvailles animent la soirée. Nous passons une première soirée, pas trop difficile, autour de pintes de bières et d’un bon repas.
Le lendemain est une journée de repos. Nous en profitons pour visiter Thessalonique. L’auberge dans laquelle nous sommes est située dans les hauteurs. Nous jouissons d’une vue panoramique sur la ville. Le centre est assez animé. La circulation automobile semble être un sujet de négociation entre les habitants. Les voitures viennent de partout et le plus déterminé gagne le droit de passer.
L’auberge dans laquelle nous nous trouvons est très agréable. Le staff est très accueillant et nos colocataires de chambre très intéressants. L’un d’entre eux est un français venu en Grèce pour travailler bénévolement dans les camps d’accueil de réfugiés. Son histoire est particulière. Depuis plus de vingt-cinq ans, il vit en itinérance entre travaux bénévoles et travaux rémunérés. Après avoir mis quelques euros de coté, il a par exemple vécu onze années de woofing dans des fermes et de bénévolat pour des réfugiés, notamment à Calais. Des travaux de saisonnier pour la récolte de fruits et de légumes lui permettent de gérer ses très faibles dépenses. A titre d’exemple, 15000€ lui ont permit de vivre pendant 10 ans.
Dans l’auberge, le midi et le soir, nous profitons des équipements de cuisine mis à disposition pour nous faire de bons petits repas. Toute l’équipe se met à la tâche. Malgré la simplicité de nos plats, l’équipe de l’auberge est fascinée par les saveurs de nos préparations. Le cliché de la gastronomie française est renforcé !
Après cette journée de repos, le groupe se remet au voyage. La première étape remet les pendules à l’heure. Sur quinze kilomètres, nous montons les montagnes en périphérie de Thessalonique. Le col nous permet cependant d’apprécier une belle vue sur la vallée que nous nous apprêtons à traverser et une belle descente à plus de 60 km/h où l’on doit gérer le vent qui vient de part et d’autre.
Nous nous retrouvons à longer la côte sur plus de cent kilomètres. Le paysage est fabuleux. La montagne est à gauche et la mer à droite. La lumière est forte mais très diffuse. L’horizon s’en retrouve embelli. Nous faisons les pauses et la vaisselle sur les grandes plages de sable. Il est aisé d’imaginer que ces zones sont des places fortes du tourisme grec, en été. La grande majorité des bâtiments ne semble pas utilisée pendant l’hiver. Seuls les chats et les chiens errants nous accueillent.
Pour le jour de l’an, nous décidons de nous arrêter. La veille, nous y trouvons une boite de nuit abandonnée. Le lieu est un peu macabre mais nous y somme à l’abri. Nous passons la soirée autour de musique et d’un bon feu dans un dans un bidon (un peu SDF style mais le charme n’en est que renforcé), après avoir marqué notre territoire pour nous prémunir des chiens errants, propriétaire du lieu. Ces derniers feront un tour pendant la nuit, nous réveillant au passage.
Le lendemain, c’est la surprise. La ville est recouverte de neige (c’est d’ailleurs peut-être à ce moment là que l’on décide de nous poser 1 jour). Nous avons eu de la chance de trouver ce vieux bâtiment. Le nettoyage des tentes aurait été folklorique. Elle ne dure cependant pas longtemps. Nous passons donc le réveillon avec 2 bouteilles de vin rouge et des patates. Même si nous n’assistons pas aux première minutes de 2017, ce fut une soirée charismatique. Notre 1ère action en 2017 aura été de faire un pipi issu des fameuses bouteilles. Dès le lendemain, la neige a totalement disparu. Le paysage reprend rapidement ses aires de zone aride. Nous reprenons sans problème notre route pour l’est.
Après avoir passé deux nuits dans le bâtiment abandonné, nous retrouvons les joies du camping sauvage. Le froid et l’humidité rongent le moral des troupes mais le couché de soleil est toujours intéressant à observer. Cependant, la reprise de notre routine aurait été trop facile. Pendant le repas du soir, nous nous retrouvons contrôlé par la police locale. La main sur le neuf millimètre prêt à dégainer, le policier nous éblouit avec ses phares et nous demande nos papiers croyant que nous sommes des voleurs (ou des vandales ?). Mais la fatigue des kilomètres parcourue dans la journée a raison de notre inquiétude. Le contrôle se passe sans problèmes. Cerise sur le gâteau, il nous propose de nous héberger dans les vestiaires du stade de foot juste à côté. Chauffage et douche chaude au menu !
Nous sommes désormais proche de la frontière. La Turquie se fait de plus en plus sentir. Nous installons notre premier camp dans les alentours d’une mosquée. La prière du couché du soleil nous indique que le réveil du lendemain risque d’être plus tôt que prévu.
Le prochain point d’arrêt est Istanbul. Nous y prévoyons de passer aux ambassade des pays suivants. L’Europe étant fini, les frontières ne sont plus aussi faciles à passer. Les dernières nouvelles des attentats engendrent de l’inquiétude dans le groupe. Devons nous jouer la carte de la sécurité et passer notre chemin ou prendre l’occasion de visiter cette ville à l’histoire si riche ? Telle est la question ...